Sir Thomas Malory (né vers 1405, décédé le 14 mars
1471) est l'auteur ou le compilateur de
Le Morte d'Arthur, considéré comme le premier
roman arthurien moderne. Le bibliographe John Leland a cru qu'il était gallois, mais la plupart des recherches modernes établissent qu'il s’agissait de Sir Thomas Malory of Newbold dans le
Warwickshire et le présent article suit cette opinion. Le nom de famille apparaît sous des orthographes diverses, dont Maillorie et Maleore. Le nom vient de l’adjectif « maleüré » qui, en vieux français, signifie « de mauvais augure » ou « malheureux » (il vient du latin
male auguratus).
Dans l'histoire de Malory peu de faits sont assurés. Il a dit lui-même qu'il était un chevalier et un prisonnier, et sa description qu’il fait de lui-même dans le colophon de Le Morte d'Arthur a fait supposer qu'il devrait avoir été prêtre : Tous je vous prie, nobles seigneurs et gentes dames, que vous lisiez ce livre d'Arthur et de ses chevaliers, du commencement à la fin ; priez pour moi tant que je serai vivant, que Dieu m'envoie bonne délivrance, et quand je serai mort, je vous prie que vous priiez tous pour mon âme. Car ce livre a été terminé en la neuvième année du règne du Roi Édouard le quatrième, par sir Thomas Maleore, chevalier, que Jésus l'aide par Sa grande force, car il est le serviteur de Jésus aussi bien de jour que de nuit..
On croit qu'il a été anobli en 1442 et est entré en 1445 au Parlement anglais où il représentait le Warwickshire. En 1450, il se pourrait qu'il se soit fourvoyé dans une existence criminelle, puisqu’il a été inculpé de meurtre, de Vol, de Braconnage et de Viol. Cependant, l’exactitude de ces accusations a donné lieu à bien des débats du fait que les affinités politiques de Malory sont assez difficiles à cerner. De telles calomnies étaient monnaie courante dans les luttes pour le pouvoir pendant la Guerre des Deux-Roses.
C’est sans doute pendant le temps où il était emprisonné (durant la plus grande partie des années 1450, et surtout dans la prison de Newgate à Londres) qu’il commença à écrire une Légende arthurienne qu'il appela Le Livre du Roi Arthur et de ses Nobles Chevaliers de la Table ronde. À part cela on sait peu de choses sur la vie de Malory, mais on croit qu'il a été lancastrien pendant la Guerre des Deux-Roses, ou peut-être un partisan de Richard Neville, comte de Warwick, qui en 1469 a passé sans hésiter de la faction yorkiste à la faction lancastrienne. La première édition de son oeuvre a été faite à titre posthume par William Caxton sous le titre Le Morte d'Arthur en 1485.
On croit que Malory a tiré la matière de son travail d’un grand nombre de sources françaises auxquelles il a ajouté les premiers romans arthuriens anglais, surtout la Morte Arthur en stances et la Morte Arthure allitérative. Dans la préface à la première édition de Le Morte D'Arthur, William Caxton parle de l’oeuvre comme l’ayant imprimée lui-même « d’après une copie qui m’avait été remise, copie que sir Thomas Malory avait tirée de certains livres français et adaptée en anglais. » Malory lui-même nous dit avoir fini le livre dans la neuvième année du Roi Édouard IV d'Angleterre (vers 1470). Le Morte D'Arthur a harmonisé les diverses variantes de la légende dans un roman de prose dont beaucoup de critiques estiment qu’il est le meilleur de son espèce. Certains vont jusqu’à y voir « le premier roman digne de porter ce nom », mais cette opinion est contestée.
Le Morte D'Arthur a été utilisée par T.H. White comme fondement de son livre Roi d’autrefois et roi futur et pour cette raison il a inclus un Caméo de Malory vers la fin – encore jeune garçon, il est anobli par Arthur, qui lui ordonne de venir chez lui et de faire connaître les histoires et les idéaux de Camelot à tous ceux qui l’écouteront. Son apparition en caméo a été incluse dans le Camelot musical de Broadway, qui se fondait sur le livre de White. Le Morte D'Arthur a fourni aussi la substance du film de 1981 de John Boorman, Excalibur, où se retrouvent tous les éléments du livre.